PREAMBULE :
D'aucun disent qu'autrefois à l'issue de chaque match des
Voltigeurs, un compte-rendu était écrit. Aujourd'hui, la tradition se serait
peu à peu envolée au profit d'heures interminables de "On refait le
Match" devant des bières tièdes et des cacahuètes grasses. Un jeudi soir
d'entraînement, entre deux bouchées de pâtes aux cèpes et de jambon que je ne
qualifierai pas de Parme, l'un d'entre vous m'interpella "c'est bien toi le
journaleux de l'équipe, ben t'as qu'à les écrire les compte -rendu". Soit,
je m'y colle d'autant que pour une fois ce match, je l'ai vécu sur le bord de
la touche scotché par une vilaine blessure occasionnée jeudi soir en match en
retard du championnat Corpo avec la Pub. Dix minutes avant le coup de sifflet
final, un adjudant chef de la Police des Hauts de Seine trouva intelligent dans
un regroupement de grappiler avec des crampons de 88 ce qu'il croyait être le
ballon et qui en fait n'était que mon mollet. Résultat, je traîne la patte
comme un Saint-Bernard dans la vallée de l'Ossau.
Score : victoire des Voltigeurs : 2 essais
à 1 (10 - 5 pour les professionnels)
Terrain : Au fond du Tunnel
Pelouse : Faudra penser à planter au Printemps prochain
Température : 12°C
Humidité : bain de boue sur le terrain, plutôt sec en air ambiant
Supporters : 3 dont un Labrador noir
Participants : Bien plus qu'il n'en faut pour jouer à ce sport
Capitaine : Oum
Essais : Oum et le Sieur de Montrichard
Homme du Match : Pascal Schwartz alias Pince de Crabe pour ses 148
plaquages réussis sur 148 tentatives
N'étant pas sélectionnable vu l'état de mon mollet droit,
pardon Laurent d'avoir indiqué sur le mail que j'en serai mais le réveil du
samedi matin fut plus pénible que prévu, je décidai tout de même de me rendre
au Haras voir 22 Voltigeurs piaffer devant la feuille des derniers matchs : 1
victoire, 1 nul et 2 défaites, il est temps que ça change. Petit crochet chez M
& Mme Hyper U pour le Tea Time (eau de source en pack de 6 et oranges
coupées au couteau) et me voici au bout du tunnel. Au loin, on entend déjà
Didier donner les consignes nécessaires au réveil musculaire d'une vingtaine de
Voltigeurs. Dans le vestiaire, Oum et Gigi finissent de se raconter deux ou
trois conneries pendant que Bibiche regarde étrangement J'en Suis alongé sur le
carrelage en train de s'étirer le dos, un peu comme un chien qui se gratte les
puces en se frottant dans de l'herbe fraîchement coupée, ce qui n'est pas le
cas de notre terrain, vu que de pelouse, il n'y en a plus ou presque.
Poignée de main virile mais correcte au passage pour notre
désormais arbitre officiel, Alain, qui pour la Galette des Rois ou la nouvelle
année, s'est coupé la barbe. Du coup, on le croirait presque moins sévère.
A peine réveillés musculairement parlant, les Voltigeurs
n'ont même pas le temps d'esquisser un début de touche ou une combinaison de
3/4 que déjà Alain appelle les deux équipes et comme à notre habitude, nous
prenons la montée.
Ca commence mal :
Sur le coup d'envoi des futurs Présidents de la République,
Premiers Ministres ou Directeurs de Cabinet, Manu vêtu d'un maillot rouge alors
que l'ENA est aussi en rouge (enfin, y avait aussi un vert, un rouge et
blanc...bref pas de quoi pavoiser dans les rangs de l'ENA, y n'ont pas de tunes
pour se payer un jeu de maillots digne de ce nom alors que nous, oui à peu
près)...bref, sur le coup d'envoi, Manu aveuglé sans doute par le lever de
soleil, nous fait un en-avant. Premier ballon, premier en-avant...tout honteux,
il quittera d'ailleurs le match à la mi-temps prétextant un rendez-vous urgent
alors que la rumeur prétend qu'il ne souhaitait pas que tout le monde lui
rappelle dans les douches cet en-avant scandaleux surtout quand il intervient
au bout de 4 secondes et 10 centièmes de jeu. Les gars de l'ENA restent dans
nos 22 quelques minutes et sur un énième en-avant des Voltigeurs, La Jaule
garde la balle discrètement. Malgré les injonctions de l'arbitre, il garde la
balle en faisant mine de ne rien entendre. Enervé par ce geste singulièrement
peu fair-play, l'arbitre décide de nous mettre 10 mètres et c'est sur notre
ligne d'en-but que l'on se retrouve alors que la partie n'est commencée que
depuis 4 minutes. Sur la touche, le Labrador et votre serviteur, Pierrot n'arrivera
que plus tard, commencent à se demander Salviacquement parlant si le cochon ne
serait pas dans le maïs. Heureusement, nos adversaires se sont achetés des
mouffles et alors que leur 3/4 aile filait à l'essai après une interminable
série de "ça part à gauche, ça revient à droite, on essaie un peu au
milieu mais finalement on va jouer à l'aile", ce futur Enarque ne capte
pas la balle qui file en ballon mort.
Un peu d'air nous fera pas de mal, c'est ce que semble
penser Arnaud notre 10 qui aura bien enrhumé ses adversaires pendant toute la
première mi-temps. Il est d'ailleurs à l'origine du premier essai. Sur une
mêlée, La Jaule, qui avait donc âprement négocié avec sa douce de ne pas
changer les couches en ce samedi matin et qui fêtait donc là son grand retour
après 3 mois d'absence, sort la balle, sert Arnaud à droite qui fait mine de
taper par-dessus, se ravise et inverse totalement le jeu pour finalement
trouver une touche de l'autre côté du terrain...loin, très loin. Nous sommes à
30 mètres de leur ligne. Sur le lancer adversaire, J'En Suis capte le ballon et
sur ordre de La Jaule met la balle au chaud. S'ensuit, malgré la montée une
magnifique percée du pack emmené par un Oum aussi puissant qu'énervé. Nos
adversaires écroulent le maul sur leurs 5 mètres, l'arbitre s'apprête à siffler
mais le ballon ressort et c'est encore Oum qui en est le porteur. Poussé par
Tex, Nini, Million Marco, J'en Suis, Manu et le Maréchal, il s'écrase en terre
conquise. 1 - 0.
Salviacquement parlant, le Labrador et moi, nous nous
accordons pour dire que les mouches ont changé d'âne.
S'en suivent 20 minutes de domination des Enarques dans la
descente mais heureusement, l'effet mouffles continue et leurs avants sur la
dernière passe sont synonymes de récupération de balle pour nous, même si
globalement, on en fait pas grand chose. On progresse peu, on fait tout de même
de belles choses et surtout les 3/4 font un travail de sape considérable, ils
plaquent à tour de bras, notre ligne est infranchissable notamment grâce à
Schwartz qui plaque tout ce qui se présente devant lui...le Labrador et moi
l'élisons d'ailleurs homme du match alors que le match est loin d'être terminé.
Ce qui devait arriver arriva : on se met à parler
Alors que tout le monde sait qu'il reste encore 10 bonnes
minutes à jouer dans cette première mi-temps, tout le monde se met à jacqueter.
Comme dira La Jaule à la mi-temps, "on s'est vu beau alors on se met à
parler, on y perd de l'énergie et si ça continue, on va s'en prendre à la pelle
des essais alors fermez votre gueule". Ca, c'était à la mi-temps parce que
justement 5 minutes avant le coup de sifflet, touche à 10 mètres de notre
ligne. Globalement, on y est pas. Chacun se parle, commente le geste de
l'autre, "et pourquoi t'as pas fait ça, et pourquoi tu me donnes pas le
ballon, et pourquoi le terrain est gras, et pourquoi, et pourquoi"...les
lavandières du Portugal un jour de marché à la morue. La touche, les Voltigeurs
ne sont pas concentrés, la balle retombe chez nous, on ne se couche pas, ça
recule encore un peu, le ballon est finalement perdu et le 9 Enarque profite
d'un maul pour écarter sur sa gauche, profiter d'une montée en pointe d'un 3/4
pour passer les bras et donner la balle à son ailier qui n'a plus qu'à aplatir.
1 - 1 et mi-temps. Eau de source et oranges coupées au couteau pour tout le
monde.
On s'ennuie ferme
Quelques changements plus tard, Sergio le sac à cubis passe
au centre, Bibiche passe en 10, Le Petit Prince remplace La Jaule, Manu file à
son rendez-vous urgent, Didier sort et La Valise décide d'aller faire la touche
en lieu et place du Sieur Montrichard..bref, ça tourne...trop selon Oum qui
réclame que les changements se fasse par deux et pas par paquet de 5 ou 6.
"C'est moi le Capitaine oui ou merde ?"
Hônnetement la seconde mi-temps est quelque peu ennuyeuse,
non pas que le jeu soit moyen, bien au contraire ça joue plutôt bien mais
globalement, le terrain est tout de même super gras, le jeu des 2 équipes est
équilibré et personne ne tente de prendre l'ascendant. Ca se joue des 22 aux
22, touche sur touche, maul après maul, lancement de jeu après lancement
de jeu, on semble se diriger vers un match nul tout à fait honorable avec une
mention spéciale pour nos 3/4 qui là encore ont défendu becs et ongles et une
mention pour leurs 3/4 qui n'avaient pas profité de la mi-temps pour enlever
leurs moufles et heureusement car très souvent, ils se sont approchés de notre
ligne.
Incident diplomatique : la Valise se fait la malle
Après une belle partie, La Valise avait donc décidé pour la
2ème mi-temps de faire la touche côté ronces, orties et autres mauvaises herbes
qui bordent une partie du terrain. Les lignes ayant été sniffées pendant la
nuit, il est parfois difficile de vérifier s'il y a touche ou pas et La Valise
va vite le comprendre. Alors que le 10 adverse (bon joueur d'ailleurs, il faut
le souligner) cherche une touche après une sortie de mêlée, La Valise annonce
une touche à un endroit précis et se fait copieusement siffler par ses propres
camarades Voltigeurs...messieurs allons...ça ne se fait pas. Déjà faire la
touche, c'est super ingrat mais si en plus c'est pour se faire vilipender par
ses propres camarades, avouez qu'il sera difficile de trouver des volontaires.
Notre Valise abandonne donc son poste en maugréant, traverse le terrain et vient
nous rejoindre en disant "faut pas déconner quand même" et c'est
Arnaud qui assumera cette tache jusqu'au coup de sifflet final. La dite touche
trouvée par le 10 Enarque sur nos 22 est jouée, J'En Suis capte le ballon, la
donne à Petit Prince qui tape un petit coup de pied à suivre par dessus ses
gros. Les Enarques cafouillent et là, ça déroule...les gros récupèrent la
balle, ça ouvre sur Bibiche qui envoie Sergio au front. Ce dernier libère, les
gros déblaient et ça repart. Re-maul, re-déblayage, ça ouvre à droite encore
avec Sergio en percussion, ça passe toujours pas mais attention le jeu à mille
passes va commencer. Nous sommes sur leurs 22, Petit Prince ouvre sur sa gauche
à Bibiche qui donne à Schwartz qui redouble avec Bibiche qui offre la balle à Gigi
qui arrive lancé comme jamais malgré ses 56 printemps, Gigi crochète et offre
la balle au Sieur de Montrichard qui n'a plus qu'à aplatir. Un essai d'école.
Le banc est survolté, le Labrador s'apprête à taquiner un jeune Golden qui
passait par là mais heureusement les Voltigeurs remplaçants veillent et
empêchent le viol. Sur le coup d'envoi, les Enarques tentent le tout pour le
tout envoyant au passage Bibiche et Nini à l'infirmerie et c'est sur un ultime
en avant de leur ailier à 5 mètres de la ligne qu'Alain décide de siffler la
fin de la récréation.
La suite, lavage au karscher des bleus Voltigeurs tout de
noir vêtus après 80 minutes dans la boue, Oum esquisse un sourire...c'est dire
s'il est heureux. Désormais, sur les 5 derniers matchs disputés, nous sommes
donc à 2 victoires, 1 nul et 2 défaites...Bravo à tous les Voltigeurs, pardon à
ceux que je n'ai pas cité mais tous, cités ou non, vous avez été vaillants et
c'était beau à voir.
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