RETOUR VERS LE FUTUR
Pour faire genre, je vais risquer
d’utiliser un temps un peu désuet, mais complètement justifié quand des vieux
battent des jeunes, le futur antérieur. Pour les sourds et malentendants, le
futur pour les jeunes, et l’antérieur pour les vieux.
On aura donc admiré une deuxième
victoire en deux matchs, ce qui ne nous était pas arrivé depuis belle lurette
en début de saison : on aura inventé la jouvence de l‘Abbé Rugby.
On aura apprécié les percées
d’avants tonitruantes et les échappées d’arrières fulgurantes, agrémentées
d’une charnière lubrifiée comme une jeune lycéenne à son premier rendez-vous.
On aura vu une rencontre émaillée
d’incidents de jeu, comme dit pudiquement le Midol, rappelant à ces jeunes
freluquets que l’on doit respecter ses
ainées dans la vie comme sur le terrain.
On aura noté que nous ont quand
même fait quelques cadeaux afin de remercier leurs hôtes : ballons perdus
dans les regroupements ou en-avant en
bout de ligne. Des cadeaux que l’on aura fait fructifier avec intérêt et bonus
offensif.
On aura aimé que la tradition des
rencontres Voltigeurs-ENA perdure en termes d’accrochages, de bavardages et de
pichenettes : quoi de mieux que les traditions pour fédérer les
générations.
On ne se sera pas souvenu des
marqueurs, quoique moins nombreux que pour le matche précédent, mais qui seront
resté indélébiles. Ce doit être la mémoire qui flanche.
On aura cherché en vain les
énarques dans l’équipe de l’ENA. Au final, il y en avait 2 : on aura
plaisir à imaginer que les autres étaient en train de sauver la France pendant
que nous nous amusions.
On aura pris du plaisir au
banquet d’après-match, à 50 autour du menu concocté par Rebuchon et ses
acolytes. 50 x 20 € = 1 000 € dans les poches du trésorier, pour se payer
des pizzas à Rome.
On aura, d’ailleurs, été
solidaire du Million lors de son passage au talonnage et de Carlsberg lors de
la perte de ses lentilles : il y a des moments de grande solitude à vivre
en groupe.
Enfin, on aura apprécié la touche de poésie qui, contre
toute attente, émergea du match :
Eux : -Monsieur l’arbitre, il me marche
sur le crâne !
Nous : -T’en fais pas, il
est vide …
Le ton était donné, mais là c’est
plus que parfait.
Tex
|