Dans l’antre de nos
meilleurs ennemis, la confrontation sentait bon les derbys d’antan. Et, le
passé re-surgissait sous chaque motte de terre, derrière chaque porte de
vestiaire.
Au départ, il a fallu
interroger mon GPS pour être sûr de retrouver le stade Yves-du-Manoir, stade
olympique en 1924, ex-« stade du Matin » (sic), pour les plus anciens
qui ont encore un peu de mémoire. Les « charriots de feu », c’était
là ; Paavo Nurmi, pareil ; la finale de la Coupe du monde (de foot)
en 1938, aussi. Et des matches de l’équipe de France dans les années 50-60,
auxquels assistaient mon père et ses copains, en prenant le train à
Saint-Lazare ; c’était un temps d’avant la télé, où les « speakers »
de la radio-diffusion racontaient les rencontres à leur manière, un peu comme
nous finalement.
Vous me direz qu’il a
bien changé le « temple du sport » : des tribunes en
préfabriqué, un parking symbolique, seuls les vestiaires, six pieds sous terre,
ont été remis au goût du jour. Les Voltigeurs n’en revenaient pas de ce luxe,
dépassant même celui de la Faisanderie ! Les équipes premières avaient
choisies de se mesurer au stade de France, nous en profitâmes pour réveiller
les fantômes du passé en convoquant l’esprit des lieux.
Retour vers le futur, ce
samedi 1er décembre, des appareils photos, des caméras, des
supporters, et même des officiels en tenue, pour une rencontre qui sentait bon
le derby, mais qui commémorait, aussi, officieusement la première finale du
championnat de France, il y a juste…120 ans. C’était une façon pour les Anciens
de faire un lien avec le passé, ou leur passé, de courir pour rattraper leur
jeunesse, de conjuguer dans le même temps le passé et le futur, et de mélanger
tout cela dans un match à la fois ensoleillé, engagé, propre et plein de
suspens et de beaux gestes.
Avec Castor et Pollux au
déblayage dynamique, avec Noiraud et Moni (un jeune niçois de 40 ans) au centre
de l’attaque, le Stade était bien équipé pour voyager sur ces terres « ennemies ».
Menant rapidement 3 à 1, puis rattrapé 3 – 3 suite à un relâchement coupable,
il aura fallu toute la vaillance du banc et de l’arrière-banc pour finir la
rencontre sur un score équitable de 4 essais partout et, ainsi, remettre à plus
tard la suprématie des vieux d’Ile-de-France à l’occasion d’une nouvelle fête
lors du match retour, le 20 avril, sur nos terres.
Les esprits frappaient,
mais certains ont aussi réussi à frapper les esprits en tentant des aphorismes
fragiles. Cherchant à mesurer la joie de vaincre, l’envie de célébrer et la
crainte de la défaite, on a entendu un fringant ailier dire « qu’à la
mi-temps, ils avaient plus peur de perdre que…(a) de gagner, (b) nous, (c) de
perdre, (d) nous de perdre, (e) …je sais plus ». A vous de choisir la
formule correcte.
On avait compris
l’essence du message, mais les mots suivaient difficilement l’esprit. A ce
moment, on a pu imaginer que les esprits dansaient de voir des clubs immortels,
un sport éternel et des vieux qui rajeunissent faire la nique au temps qui
passe.
Tex |