QUE D’EAU, QUE D’EAU
Bien sûr, ils diront qu’ils se
sont bien amusés ; ils diront que, certes, le terrain était un peu gras,
mais qu’il vaut mieux ça que l’inverse ; ils diront que l’arbitre était un
peu tatillon, mais à nos âges, il est encore parfois bon de sentir au-dessus de
nos têtes, l’ombre du bras armé de la loi ; ils diront que, cette fois-ci,
l’adversaire était bien valeureux, c’est normal, ils s’appellent Tempêtes et
chaque année ils nous donnent suffisamment de fil à retordre pour que l’on
puisse installer des grillages tout autour du Haras Lupin ; ils diront que « ce qui nous tue pas nous
rend plus fort » (1), mais depuis le temps qu’on le répète on devrait déjà
aussi invulnérables qu’Obélix, Hulk et Sergio Parisse réunis.
Mais la vérité vraie, la voici. La pluie tombait sans cesse depuis la
veille au soir. Les flaques de boue s’élargissaient et l’accès au Haras
ressemblait plus au Chemin des Dames (2) qu’à un chemin qui sentait bon la
noisette, celui qui m'a tourné la tête
(3). Dans ces conditions très « britanniques», les Voltigeurs ont su
redresser la barre d’un match en recollant deux fois au score, puis en marquant
un 3e essai, ancrant ainsi une 4e victoire de suite
depuis le début de la saison.
(2)
Au final, et plus que le score,
c’est la bataille des blessés qui marqua tel un curseur le niveau d’engagement.
Sans compter les ‘mal au dos’ et les élongations, on a enregistré : d’un
côté, Pastaga à nouveau avec son bien-nommé cuir chevelu, Noiraud qui à
l’ancienne se fait enturbanner et revient sur le pré au lieu de se la couler
douce dans la chaleur et la convivialité du banc de touche et Coach Tagoon qui,
à peine rentré, ressort avec l’arcade entaillée ; de l’autre,
simultanément 2 K.O. dont l’un –heureusement que son nom (Benoît) était écrit
dans le dos car on ne le reconnaissait plus – s’est explosé le nez. Ce coup
d’éclat donne la ‘victoire morale’ sur ce terrain à nos adversaires car il faut
reconnaître que livrer bataille dans ces conditions est courageux et le titre
de ‘Man of the match’ revient donc à ce Benoît qui devra aller à son meeting
lundi matin avec un masque de plâtre, et son patron pensera que le choix de
Benoît pour lui succéder à la tête de la filiale française n’est sans doute pas
le meilleur et que, finalement, il le mettrait bien dans le prochain plan
social puisqu’il aime tant la bagarre. Alors, ceux qui se plaignent parce qu’il
faut laver la boue du maillot, réjouissez-vous !
Un dernier mot pour dire que le
fameux « que d’eau, que d’eau » ne date pas des inondations de Paris
en 1910 mais d’un visite du président-Maréchal Mac Mahon aux alentours de Toulouse
en 1875.
Tex
(1) Voir Frédéric Nietsche
(2) Voir 1914-1918
(3) Voir Jean Nohain & Mireille
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