CHEZ LES VOLTIGEURS, DU ROUGE DANS LE JAUNE, CA FAIT DU
ROSE
Il fut un temps où les vestiaires
du Haras Lupin, le samedi matin, ressemblaient aux rues de Bayonne, un soir de
fêtes. Il fut un temps où les uns se plaignaient de ne pas assez jouer, les
autres d’avoir trop jouer, les derniers d’avoir des difficultés à gérer le
trop-plein. Il fut un temps où les douches n’avaient pas assez de débit pour laver
nos fautes de main.
Mais ça, c’était avant !
Avant le froid, avant le vent, l’hiver, la boue ! Avant que la bise ne fut
venue ! Avant les nouvelles mesures fiscales de M.Hollande, avant le rhume
de la petite, avant les courses du samedi avec maman, avant que le rose ne
devienne une couleur à la mode, bref, avant quoi ! Maintenant, on commence
les matches tout juste à 15, on récupère un retardataire qui sort de salle
d’op’, on perd 2 blessés et on recrute un semi-retraité du rugby qui a dû jouer
une mi-temps en demi-teinte. Malgré
tout, malgré le vent et les trombes d’eau, malgré des adversaires bien jeunes
mais bien tendres, les Voltigeurs ont fait le métier et marqué 6 essais. Pour
preuve que l’esprit du rugby soufflait dans notre sens, ce sont les 2 essais
marqués par le père (Christophe) et le fils (Eliott), dans la longue tradition
des dynasties voltigeuses.
Pour gagner, il a fallu une
deuxième-ligne d’avenir constituée de jeunes (Eliott & Gamin Boire), du
soutien solidaire du genre « il faut sauver le soldat Ryan », un
silence relatif de nos troupes habituellement bien bavardes et quelques
« castorisations ». Oui, c’est une nouvelle combinaison qu’il va
falloir rajouter à notre panoplie déjà bien remplie : il suffit de donner
la balle à Castor ou Pollux, lancés, et, au choix, de suivre, de pousser, de
protéger pour créer une belle tranchée dans la défense adverse. On dit
« castoriser » l’adversaire, parce que ça ressemble un peu à
« karcheriser et car « polluxiser » c’est trop dur à dire
avec un protège-dent dans la bouche. Par contre, histoire de se flageller, on
ne devrait plus revoir de ces avants qui tapent dans le ballon ou de grandes
envolées d’arrière qui tentent de se passer une savonette.
Enfin, saluons le baptême de sang
de Pastaga : paf ! un coup dans le pif. Et le voilà qui ressemble à
Loulou. Ne lui dites pas, il croit qu’il n’a pas été défiguré du tout. Quand
vous le verrez, dites-lui juste : « Ton nez, ça ne se voit
presque pas… ! ». Son sang se
mélange désormais à celui des générations qui ont versé le leur sur les
terrains du Stade Français : arcades, cuirs chevelus, genoux…Ces quelques
gouttes se seront mélangées à son pastis habituel pour donner le rose que
portaient nos adversaires.
Tex
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