« …j’suis
parisien, j’aime rien…sauf un derby… »
(affiche
du match) (lien
vers les photos)
Où le théâtre
du rugby vaut bien le théâtre de la vie.
Dans le coin du bar, deux
vieux discutent même si parfois on croit qu’ils se disputent. L’un est habillé
en rouge et bleu, l’autre en ciel et blanc. Ca fait au moins 100 ans qu’ils
sont là, ça fait plus de 100 ans qu’ils se chauffent pour le derby parisien et
ça fait une éternité qu’ils boivent un coup après les matches.
SF : « Putain, on
les a eu ! »
RM : « Nous aussi,
on vous a battu… »
SF : « Des beaux
essais, de l’engagement, du ‘’volume de jeu’’ comme ils disent dans le poste… »
RM : « C’est vrai
qu’en plus le temps était de la partie, comme pour célébrer le printemps… »
SF : « Et le cadre,
la Faisanderie, c’est somptueux, non ? Vous n’avez pas ça vous à la
RATP… »
RM :
« Racing-Métro, je te rappelle ; nous on aura bientôt l’Arena
92… »
SF : « …oui, je
sais, entre l’A86 et la Défense… »
RM : « Bon, ça
va ; n’empêche qu’on a gagné dans le nouveau Jean-Bouin, personne n’avait
encore réalisé un tel exploit cette année ! Et avec la manière, s’il
te plaît. »
SF : « Je te parle
pas de ça, mais du premier Stade Français – Racing de la journée, celui des
vieux, celui qui doit cumuler mille ans de rugby si on additionne toutes les
saisons des quadras et des quinquas qui s’en sont donné à cœur joie pour faire
briller le rugby amateur, le rugby d’antan, le vrai rugby quoi… ! »
RM : « Sauf que ce
rugby-là, il se joue devant 3 dégarnis et 4 grisonnants avec, certains jours 4
mômes qui font des bêtises et 1 maman qui est venue essayer de comprendre quel
était l’intérêt de se rouler dans la boue tous les samedis matin, alors que les
pros –qui vous ont battu entre parenthèses- attirent des milliers de
spectateurs et des millions d’euros de droits télé »
SF :
« Foutaises ! Bullshit comme disent les rosbeef ! Le vrai
rugby, le rugby humain, celui qui éclate
l’arcade de ton Victor, celui qui tord le genou de notre Toto, celui qui
fait souffler comme des bœufs tous ces beaux bébés du siècle dernier, celui qui
fait rire et pleurer, celui qui fait aimer, boire et chanter, c’est quand même
celui-là, non ? »
RM : « C’est vrai
qu’on en a fait pleurer quelques uns ce matin. A commencer par votre Ivan qui
doit avoir un nœud papillon (et une tonsure) derrière la tête à l’heure qu’il
est. Sans parler de Fred Karslberg qui va bientôt pouvoir ouvrir les bouteilles
de bière avec son genou tellement il se déboite !!! »
SF : « Remarque,
maintenant qu’on vous a mis ‘Labite et de Travers’ pour l’entrainement. Paraît que vous ne jouez plus qu’à toucher à
l’entrainement le vendredi soir ? C’est le nom des entraineurs de la
première qui vous effarouche ? Vous avez peur de vous en prendre
une ? »
RM : « Cause toujours
mon poulet ! Nous, on n’a pas vendu un testicule à la science pour
s’offrir un Sudaf qui joue avec des moufles. »
SF : « C’est petit
ça comme remarque, surtout que vous aviez l’arbitre un peu avec vous cet après
midi ? Pas comme ce matin, t’as chouffé l’arbitre ? T’as vu cette classe ! Tout en noir avec la boule à zéro et une
impartialité qui se paiera à la prochaine tournée ! Un ancien lui aussi, mais il court partout. »
RM : « Il fait pas
tout jeune, quand même! C’est combien la moyenne d’âge au fait chez vous ?
SF : C’est petit ca
comme remarque encore…le complexe de la banlieue…pourtant le Racing était
parisien en 1882 avant de partir à Colombes.
…eh oui, mon vieux, c’est à
Paris que le rugby a été lancé en France, pas dans le sud, c’est nous les
gardiens du temple d’Ovalie ; allez, buvons un coup pour célébrer le rugby
parisien, c’est ta tournée puisque tu as gagné…cet après-midi,
« enculé »- comme y disent dans le sud ! »
Tex & Pastaga |